mardi 17 décembre 2013

C'est qui "Les JEUNES" ?

 Comme cela est venu, un soir de décembre 2013,sans autre intention que de réfléchir à nos "représentations"...

Y'a des jeunes hommes...            Y'a des jeunes femmes...
Y'a des jeunes sans le sou...         Y'a des jeunes friqués...
Y'a des jeunes handicapés...         Y'a des jeunes qui pètent la santé...
Y'a des jeunes tri-lingues...           Y'a des jeunes qui parlent pas bien le français...
Y'a des jeunes travailleurs...          Y'a des jeunes qu'en foutent pas une rame...
Y'a des jeunes qui consument...    Y'a des jeunes qui consomment ...
Y'a des jeunes hétéros...               Y'a des jeunes homos...
Y'a des jeunes "blancs becs"...      Y'a des jeunes noirs polis...
Y'a des jeunes qui conduisent...    Y'a des jeunes qu'on éconduise...
Y'a des jeunes mariés...                Y'a des jeunes célibataires...
Y'a des jeunes qui s'engagent...     Y'a des jeunes qu'on dégage...
Y'a des jeunes qui s'expatrient...    Y'a des jeunes qui cherchent leur patrie...
Y'a des jeunes qui volent...            Y'a des jeunes qui donnent...
Y'a des jeunes qui crachent           Y'a des jeunes qui nettoient
par terre...                                     les trottoirs...
Y'a des jeunes isolés...                  Y'a des jeunes embrigadés...
Y'a des jeunes qui sont vieux...      Y'a des vieux qui sont jeunes...
etc...
Et puis, y'a des vieux cons...          Heureusement, y'a des jeunes...


Y'a des jeunes filles qui jouent du jazz, et une petite fille qui écoute...

mercredi 4 décembre 2013

REGISTRE SOUTENU DE GROS MOTS


LA  RENCONTRE  D'URBAIN  ET  DE  COLLINE

Ils avaient des prénoms taillés sur mesure. Lui natif de la petite ceinture, autant dire de Paris (le pari urbain) ; elle, le visage rosi par son origine rurale.
Ils se sont rencontrés, par hasard, à l'âge où l'on prend des décisions qui vous conditionnent toute votre vie.

Élevé sur le bitume, nostalgique du macadam, il choisit, comme major de promotion, de "s'expatrier" disait-il, à la campagne. Ses potes l'avaient surnommé "PUBLIC", dans cette école où l'on forme les cadres de la nation. Le jeune "Urbain" délaissant les carrières préfectorales, abandonnant la management, voulait se faire du blé dans la culture biologique, avant même de savoir où ses potes iront...

Il saisit l'occasion d'une invitation d'un de ses cousins "trépané des burettes" (1) pour "programmer" (encore un zeste de management)  un séjour dans le Berry, désormais appelé "nouveau centre". Là-bas le refus de la Modem-nisation envahissait les régions limitrophes où la poésie n'avait plus cours (déjà en vacances) et les strophes étaient en cata.

Arrivé sur place, après avoir quadrillé son espace d'investigation entre les "zones désertifiées" (2) et "les hameaux à l'abandon" (3), il du d'abord s'enquérir d'une masure disponible pouvant recevoir ses besoins sur une assise durable.

Autrement dit, il cherchait un "lieu d'efforts" (4) pour y poser "le fondement de son humanité" (5).

(1) femmelette ; (2) cul de sac ; (3) tas de ruines ; (4) des chiottes ; (5) son cul. 

Soulagé de pouvoir reprendre ses pérégrinations, il ne rencontra cependant sur les chemins vicinaux que des passants à la "fonction neuronale défaillante" (6).
Apercevant une "marée chaussée de deux roues" (7), il leur demanda conseil pour trouver où se sustenter en une compagnie moins "gastéropodes des synapses" (8). 
L'auberge qu'on lui conseilla n'avait pas comme clients que des "citadins sur le retour" (9). Il y avait aussi d'anciens "BCBG" devenus "babacools" qui pourraient alimenter son souci "d'exhumer les ténèbres locales" (10).
La patronne  --- qui le plaça au fond de la salle, pour qu'il ne trancha pas trop d'avec les autres "gauchers des deux mains" (11)  --- bénéficiait d'une "surcharge pondérale proéminente" (12) qui témoignait d'un goût pour la cuisine roborative et n'en faisait pas une "amazone de hamac" (13).

Bien qu'arrivé un peu en retard pour le dernier service, il eut droit à l'intégralité du menu du jour :
- du "souteneur" (14) au vin blanc en entrée, au "coulant" (15) qui pue moins dans la bouche que sur le plateau, en passant par la palette à la diable que seuls les peintres du dimanche peuvent voir en peinture.
Il s'efforça de "faire bonne chair"  (16).

On lui proposa un "remonte-pente" (17)  pour qu'il ne tombe pas avant d'arriver à la mairie située en haut du village. 

(6) des débiles ; (7) gendarmes à vélo ; (8) lent des neurones ; (9) bouseux ; (10) fouille-merde ; (11) cornichon ; (12) gros boudin ; (13) feignasse ; (14) maquereau ; (15) maroilles ; (16) apprécier ; (17) calva. 


Le maire "est en déplacement rapide" (18) lui indiqua la secrétaire. C'est l'expression que l'on emploie ici pour justifier les allers-retours du magistrat dans "une maison de tolérance" (19).
C'est donc à la secrétaire qu'il exposa son projet de laisser désormais "suspendre ses gonasses" (20) dans les prés environnants afin, par une culture sans OGM, de pouvoir faire pousser ses céréales complètes en n'y ajoutant que du "concentré de miasmes putrides" (21).

Inculte sur le sujet, la secrétaire lui conseilla de s'adresser au "locataire du clocher" (22) qui dans ce village faisait aussi fonction de précepteur, car suffisamment instruit pour faire progresser les quelques "intermittents de la raison" (23) renvoyés de toutes les écoles publiques du voisinage.

Mais Urbain manqua vraiment de chance ce jour là, car le titulaire était également absent. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes de quitter son presbytère en emportant les burettes et la bouteille de vin de messe.

Ce fut Colline, la jeune bonne du curé qui écouta alors cet "afficheur d'égo 3 par 4" (24). Il essaya de la convaincre de l'intérêt du projet, mais cela ne rentrait visiblement pas dans le champ des perspectives de la donzelle.  Élevée à la campagne, n'ayant connu que les chemins croteux, elle avait pris des cours par correspondance entre Chatelet et République, car elle rêvait  de monter à Paris.

(18) en goguette ; (19) bordel ; (20) couilles ; (21) fumier ; (22) le curé ; (23) branques ; (24) frimeur.

Ils restèrent un moment ensemble, attendant le retour du prêcheur, comme "éprouvant quelques difficultés à saisir les enjeux de la situation" (25). Ils étaient confrontés dans leurs têtes à une "désorganisation de leurs systèmes référentiels" (26).
De retour et de concert, le maire et le curé qui revenaient du diable vauvert, eurent droit à un dernier exposé des illusions respectives de la bonne et du jeunot.
Avaient-ils passé l'après-midi ensemble, tel Pépone et Don Camillo réconciliés, nul ne le saura. Mais ils prièrent la jeunesse "d'aller voir ailleurs" (27).

L'histoire ne dit pas si les projets respectifs de nos deux tourtereaux, "sortis d'une altération de leurs facultés cognitives" (28), réussirent à voir le jour, ou si "manoeuvrés dans l'illusion ils les conduisirent dans une impasse" (29).

(25) des abrutis ; (26) c'était le bordel ; (27) aller au diable : (28) un peu cinglé ; (29) se faire entuber.

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(JPDY)  écrit le 3 février 2009


Ce petit récit de l'auteur du présent blog, doit beaucoup à Gilles Guilleron, auteur du "Petit livre des Gros mots" (a) dont, outre les définitions, il donne des variantes en "registre soutenu" qui ont été utilisées tout au long du présent récit, en italiques.
(a) First Editions - www.efirst.com




mardi 3 décembre 2013

PROTEGEONS LES ABEILLES






"La pollinisation expliquée à ma fille"


71% des cultures les plus fréquentes dans le monde sont pollinisées par les abeilles, selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Du coup, si elles venaient à disparaître, il n’y aurait plus grand chose dans l’assiette. Fleur, insecte, pollinisation, gueuleton…quels sont les liens entre tout ce petit monde ? Petite leçon de sciences naturelles express. 


Ça fait mille fois qu’on vous le dit : les insectes pollinisateurs foutent le camp et c’est pas bon pour votre karma nutritionnel. Sans abeilles et bourdons, adieu les 5 à 10 fruits différents par jour. Vous avez bien enregistré le message mais en même temps, vous n’avez jamais vraiment compris pourquoi.


 
« Les abeilles pollinisent plus de 100 cultures aux Etats-Unis, des amandes de votre granola aux myrtilles de votre yaourt », expliquent les dirigeants de Whole Foods. « Le déclin des abeilles menace un grand nombre des ingrédients frais que les consommateurs plébiscitent. »   Y’a pas photo, comme dirait l’autre.

Passons à l’explication. S’il n’y avait pas de fleur il n’y aurait pas d’insecte et s’il n’y avait pas d’insecte il n’y aurait pas de fleur. Oui parce que ces deux tourtereaux pratiquent l’économie du partage depuis toujours. Entre eux deux, c’est donnant-donnant. Tu m’donnes, ch’ti donne. Alors qui file quoi ? Les fleurs offrent le couvert. Pour les marguerites, le repas, délicieux nectar sucré, se trouve dans leurs cœurs jaunes, bien visibles. Les bourdons s’y posent en toute tranquillité et sirotent paisiblement. Pour capter le nectar du trèfle, c’est différent, il faut être équipé d’une grande trompe et boire à la paille. L’exercice est donc réservé aux papillons.
 En fait chaque type de fleurs attire une espèce d’insectes différente, la nature est bien faite.





Une fois repus, les insectes doivent rendre leur service. Leur métier ? Transporteur de semences. . Lorsqu’une abeille butine, elle se frotte aux étamines (l’organe mâle de la fleur qui produit le pollen) et généralement se fout du pollen partout. Alors quand elle arrive toute barbouillée sur d’autres fleurs de la même espèce, elle s’en déleste sans même sans rendre compte. Le grain de pollen arrive sur le pistil (l’organe femelle de la fleur), happé par un stigmate tout collant (un genre de renflement en haut du pistil). Le pollen, super héros végétal, déploie son mât de pompier pour glisser au cœur de l’ovaire qui contient l’ovule. Et là bingo : il y a fécondation. Pollen + ovule = petite graine, le pépin de nos poires ou de nos raisins. Vous suivez ? Et comment tout ça devient un fruit ? Eh bien quand l’ovule est fécondée, la paroi de l’ovaire se modifie pour devenir fruit. En fait, une pomme n’est rien d’autre qu’un ovaire qui mute, on avait rarement vu les choses comme ça.
Ceux qui suivent se demanderont pourquoi la plupart des fleurs équipées d’organes mâles et d’organes femelles ne se débrouillent pas toutes seules. Peut-être parce que ça manquerait de magie. Quoi qu’il en soit, la plupart des espèces ont besoin d’une fécondation croisée, d’arbre en arbre. Et pour cela ne peuvent compter que sur le vent ou sur les insectes pollinisateurs.
 
Alors on fera comment le jour où il n’y aura plus de pollinisateurs pour transformer nos fleurs en fruits ? Devra-t-on féconder toutes les espèces à la main comme cela se pratique déjà pour la vanille à la Réunion ? Il serait sans doute plus sage de protéger nos pollinisateurs ailés. De la main d’oeuvre qualifiée pour pas un kopek, franchement ça ne se refuse pas.

Ce Texte n'est pas de l'auteur du présent blog, mais d' Hélène, publié le 25.02.2013  sur le "blog.laruchequiditoui.fr" .


Quand  "LE  REPUBLICAIN  LORRAIN"  vous en parle







 Les  PESTICIDES,  en titre,  n'auraient ils pas plus inciter à la lecture, plutôt que d'essayer de faire "savant" avec les "néonicotinoïdes"

 

PIERRE RABI et les COLIBRIS





Pierre  RABHI 
 (photo Philippe TINEL, en couverture du livre ci-dessous








lundi 2 décembre 2013

A LA SORTIE DU THEATRE



"Art déco" au CHATELET


LE CASTING



Il y a quelques jours, mon agent m'a inscrit à un casting, afin que j'y postule comme comédien dans une pièce de théâtre. Je me suis donc présenté devant un jury qui m'a donné les indications sur le rôle envisagé et le déroulement de l'audition.
La scène se passe dans l'une des grandes pièces d'un appartement. Aménagée comme une suite, s'y trouvent : un lit double, des fauteuils, une table basse, des chaises, le tout rehaussé d'un éclairage tamisé.
Le personnage à interpréter doit accueillir des visiteurs avec beaucoup d'amabilité et de remerciements pour les cadeaux qu'ils lui offrent.

Après les derniers conseils de mon agent, je suis donc entré en scène, texte à la main pour ne manquer aucun des dialogues. C'est le jury, trois personnes qui jouent les rôles des visiteurs.
A leur entrée sur le plateau, je me lève prestement et les accueille chaleureusement en les priant de s'installer.  D'entrée ils me donnent quelques paquets-cadeaux pour sceller notre amitié.
Je les ouvre avec précaution, les cartons étant bien protégés par différents papiers de couleurs, tous plus décorés les uns que les autres.
Je feins la surprise et les remercie vivement de ces présents, puis les invite à prendre thé ou café, que mon valet de chambre de comédie va leur préparer.
Nous devisons gaiement et échangeons des nouvelles de nos amis communs, tout en trempant quelques spéculos dans nos tasses respectives, le petit doigt toujours levé comme il convient en société.
Satisfait de cette prestation, le jury met fin à l'audition et me propose de nous retrouver le lendemain pour une répétition destinée à confirmer leur impression favorable.

Le lendemain dons, je m'apprête à reprendre la scène quand mon agent me prodigue ses derniers conseils. "Surtout, dit-il, soit agréable, poli, révérencieux, comme tu as interprété le rôle hier. Il faut qu'il s'assurent de ta capacité à mettre la même émotion lors de chaque représentation".
Je m'installe dans le décor mais, dans l'attente de mes visiteurs, je songe à une autre stratégie. Pensant que pour apprécier mes talents d'acteur, il faut que mon interprétation soit différente; je décide à contrario de jouer la scène sur un ton plutôt désagréable. Je vais même jusqu'à bouger les meubles de place, laissant le tout dans un désordre indescriptible.

La deuxième audition débute à l'arrivée de mes visiteurs. Je les accueille froidement, laissant entendre que leur visite à l'improviste me dérange. Je leur propose à peine de s'asseoir, ce qu'ils font néanmoins, en me tendant les paquets-cadeaux fournis par le régisseur. Je feins de trouver leurs emballages de mauvais goût et les pose sur la table sans même les déballer.
Mon agent assis dans la salle est blême de surprise. Il me fait des grands signes voulant me signifier de changer d'attitude. Je n'en poursuis pas moins ma stratégie en ne répondant qu'évasivement aux nouvelles qui me sont données de nos amis censés être communs.
Je remarque la surprise du jury qui, cependant, "joue le jeu" et trouve parfois plaisants mes propos improvisés. Un des membres du jury est même pris d'un fou rire, comprenant pourquoi "je la joue mauvaise" et se met aussi à jouer les visiteurs "pot de colle" et "casse-pieds".
Pour moi, ça semble gagné, j'en suis intérieurement heureux.

La scène terminée, mon agent se précipite pour raccompagner le jury, se confondant en excuses pour essayer de "rattraper le coup".  Je les voie tous disparaître ne sachent quelle décision va être prise quant à mon embauche.
Je ne le saurai d'ailleurs jamais, car c'est à ce moment là que je me suis réveillé.

mardi 5 novembre 2013

ERIC FOTTORINO


Journaliste, Ecrivain, romancier, il a parcouru "Le Monde" (le journal) pendant près de trente ans. Depuis la parution de son premier article en 1981 -- alors qu'il était étudiant -- jusqu'à la soirée du 11 février 2011 où dans son éditorial il dit : "Au revoir et merci" à ses collaborateurs et aux lecteurs, en quittant sa fonction de Directeur.
Eric Fottorino aura connu à ce poste depuis 2007, toutes les joies, mais aussi toutes les galères d'un journal du soir confronté aux nouvelles technologies et à la puissance du net.


Mais, qui connaît le CYCLISTE ? ... 

COURRIR  "LE MIDI LIBRE"                                     

                                                                                              Photo Eric Fougere/VIPImages                      

Certes, il n'a jamais été un "grand" champion, mais il assouvi sa passion de jeunesse en gagnant "une vingtaine d'épreuves sur route et sur piste, décrochant deux titres de champion universitaire et remportant quelques belles courses dans les côtes de Vendée, des Deux-Sèvres, et de Charente, lorsqu'il     
vivait à La Rochelle"  (1)                                                                                                                      

Qu'est-ce qui lui prend en cette année 2000, la quarantaine venant, de vouloir "faire" "Le Midi Libre" et de s'attaquer à "La Croix Neuve" de Mende ou au Mont St Clair de Séte ?  Peut-être parce que "la pratique du vélo permet de (re)partir dans la vie d'un bon pied. Tête baissée, mais tête haute, tête en l'air, tête joyeuse. Le vélo est une fête qui dure toute la vie". (1)

Cette aventure de la quarantaine il la vivra plusieurs mois avant le départ ; tout d'abord en reprenant le footing au "Jardin des Plantes", et en aménageant ses horaires au "Monde", car il est à l'époque "Rédacteur en Chef" sous la direction d' Edwy Plenel.   C'est d'ailleurs  en proposant de jouer un double rôle  --- coureur et journaliste --- courant l'étape et racontant "son" vécu" dans les colonnes du journal qu'il obtient l'adhésion de sa hiérarchie et du Directeur de la Communication qui l'aidera à obtenir les autorisations nécessaires, notamment de l' UCI (Union Cycliste Internationale). 

Après le footing, ce sera les heures de vélo sur le circuit de Vincennes, ou du côté de St Germain-en-laye, les stages avec des pros à Hyères et le retour à Neuilles-sur-mer où il retrouvera les côtes de sa jeunesse. Jour après jour Eric Fottorino nous raconte ses efforts, ses rencontres, ses souvenirs.

Il n'oublie pas non plus de parler de "son" père, ce kiné au teint mat, venu de Tunisie, qui avait séduit sa mère et leur avait donné son nom à tous les deux. Il en parlera plus longuement dans deux livres publiés chez Gallimard :
"L'Homme qui m'aimait tout bas" (2009)  et  "Questions à mon père"  (2010)

Il reviendra aussi sur son aventure de "coureur-journaliste" en publiant le récit de ses étapes du "Midi Libre" dans "Petit éloge de la bicyclette" paru chez "Gallimard" en 2007.
(1) "Je pars demain" - Stock - 2001


ALBERT JACQUARD


 Halte aux jeux 

La disparition d' Albert Jacquard provoque une avalanche de biographies,
de commentaires, de témoignages, que beaucoup d'entre nous aurons
oubliés demain.
Que restera-t-il de ses combats ?  Outre les compétences de ce généticien, de ce défenseur des plus démunis, saurons nous rappeler aux jeunes qu'il fut aussi contre la compétition --- il refusait de noter
ses élèves quand il était professeur --- et qu'il a écrit l' ouvrage
"Halte aux Jeux !" en 2005 .

L'éditeur de cet ouvrage (Livre de poche) donne en page 4 de la couverture cette note :

"Que dissimule la belle vitrine des Jeux olympiques ? On nous montre de superbes et fringants athlètes, mais on nous cache l'envers du décor : la souffrance de tous, l'échec de la plupart, l'inévitable dérive du dopage.
Il faut mettre fin à l'hypocrisie et dire ce qu'est le sport de haut niveau aujourd'hui  (ndlr : déjà en 2005) une entreprise d'exploitation de l'homme par l'homme, où la seule règle du jeu est le profit, quel qu'en soit le coût humain.
Courir plus vite, sauter plus haut, être le plus fort : il est temps de remiser cet idéal enfantin et de proposer un modèle d'olympisme enfin humaniste."

 


lundi 4 novembre 2013

VOYAGE DE NUIT



En voiture et à pied pour un aller-retour

Je suis parti hier matin, en voiture, vers un village voisin de la campagne environnante. La route était sinueuse et s'inclinait légèrement avant d'atteindre le sommet d'une colline. Quelques maisons, apparemment abandonnées, constituaient un petit hameau. J'y laissait ma voiture avec l'intention d'une petite promenade à pieds. 
Je descendais le long de la colline, empruntant le bas-côté du chemin sinueux, sans bien me rendre compte de la distance que je parcourais. Mon pas, bien que léger, m'amenait assez rapidement à ce que j'estimais être le "mi-chemin" par rapport à mon départ.  C'est à ce moment là qu'une question me vint à l'esprit.

Comment devais-je poursuivre mon parcours ? Faire demi-tour pour rejoindre le hameau à pieds et y retrouver ma voiture, ou poursuivre ma descente jusqu'au retour à mon point de départ initial ? Dans les deux cas la distance à parcourir m'apparaissait identique. Mais se posait le problème de revenir chercher le véhicule où je l'avais laissé en stationnement. Refaire tout le chemin à pieds ne m'enchantait guère.
Un ami, lui aussi en promenade carrossée, s'arrêta alors à mes côtés. Après nous être salués, je lui confiais l'objet de ma perplexité. Il me conseilla de poursuivre ma ballade sans regarder derrière moi. Il serait toujours temps de retrouver mon engin plus tard.

A y penser après coup je me dis qu'il n'a même pas eu l'idée de m'accompagner jusqu'au hameau pour m'éviter une marche inutile et retrouver plus rapidement mon étât de chauffeur. Etait-ce vraiment un ami ? Je ne le saurai jamais car il a disparu sans me dire "au revoir".  Je décidais néanmoins de suivre son conseil et repris ma route sur cette pente descendante.

J'avais en tête -- mais ma tête avait-elle toute sa raison ? -- qu'arrivé à mon domicile, j'y retrouverais ma deuxième voiture. Sans chercher plus loin, j'en déduisais que cela serait le meilleur moyen pour ensuite aller rechercher la première, restée dans le hameau. Ce n'est qu'en arrivant à destination -- la raison me revenant -- qu'une autre préoccupation me traversa l'esprit : si je repars en voiture, je vais me retrouver là-haut, tout seul, avec deux voitures.

J'évitais cependant d'avoir à solutionner de suite ce problème en m'approchant de mon garage ; je devrais dire de mes garages, puisque j'avais deux voitures. Quelle ne fut pas ma surprise en ouvrant les portes de chacun d'eux, d'y retrouver les deux véhicules qui, à l'évidence n'avaient pas bougé.

C'est alors que je me suis réveillé...

EN VILLE

                                                    



                                              
      METZ  la nuit (Cathédrale St Etienne)                                               






DEJEUNER en ville


C'est une brasserie comme il en existe en face de chaque gare. Elle accueille à la fois les habitués du petit noir sur le zinc et les voyageurs assoiffés en attente de départ. Elle nourrit aussi copieusement ceux qui prennent le temps d'y déjeuner ou sont obligés d'y diner en attendant leur rendez-vous du lendemain. Le rapport qualité/prix est bien en faveur du côté gustatif. 

Je ne la fréquente cependant que rarement, car elle est située dans mon quartier, et que je suis plus "habitué"  aus zones de chalandise de la  périphérie, bien qu'on y trouve les mêmes enseignes à Lorient, Martigues, Albi, Lille ou Hérouville St Clair...
C'est donc un jour exceptionnel qui m'y fait déjeuner, invité par ma chère et tendre qui sort de chez sa coiffeuse préférée, dont l'établissement est à deux pas.
Notre entrée est saluée par les hommes de service, en noir et blanc, qui font leur cinéma entre le tables. Du jeune chauve frisant la quarantaine à l'ancien au regard apparemment absent, mais qui voit tout et dont les yeux sont des antennes, on y trouve le panorama de tout le personnel des comptoirs et des salles nappées de coton et de serviettes en tissu. On est près de la gare certes, mais ici les serviettes de table n'ont pas laissé leur place aux "lotus" en papier fleuri. C'est dire qu'on prend soin de votre palais comme de vos lèvres.
Même la patronne, dame patronnesse, aimable et distinguée, qui se faufile entre les clients, ceux qui partent déjà pour ne pas rater leurs trains, comme ceux qui fréquentent les lavabos après avoir passé commande.
Nous sommes guidés vers la banquette qui fait le tour du mur principal et installés entre deux tables déjà garnies de convives, mais dont les commandes sont encore en cuisine. Sur ma gauche, deux femmes et deux hommes qui semblent bien se connaître sans apparaître cependant comme unis dans un couple. Les conversations que l'acoustique de la salle nous fera parvenir, de même que pour le couple se trouvant à ma droite nous le confirmeront : ce sont des "collègues".

Parmi les quatre de "gauche", il y a la régionale de l'étape, qui connaît bien le nouveau président de l'université, "un peu jeune pour assumer cette responsabilité" dira-t-elle. Les trois autres ont l'occasion de se rencontrer régulièrement dans des "laboratoires", autour de thèmes de recherche qui les conduisent à parler "des abus de positions dominantes" de certains de leurs collègues universitaires.
A parier que ce sont des "enseignants du supérieur" on gagnerait sans doute car leur niveau de connaissances  les a conduit ce jour en ces lieux pour faire partie d'un jury.  Après la choucroute, les profiteroles et le café arrosé de mirabelle, j'ai une pensée pour les étudiants qui les subiront cette après-midi. Heureusement ils sont convenus de ne pas intervenir plus de dix minutes chacun : "ce n'est pas la peine d'en faire autant chaque fois". Ce n'est pas la peine non plus de manifester trop souvent. "La dernière fois que j'ai manifesté c'était pour le Hamas, il y a longtemps" dira l'un d'eux.
Les domaines d'activités des voisins de droite font aussi l'objet de leurs conversations. Menées à voix plus basse --- ou est-ce le fait de ma surdité précoce  ---  ne me permettra pas de bien saisir leurs secteurs d'intervention. Des mots échangés, des agendas ouverts sur la table et des dossiers posés contre les pieds de la table laisseront supposé qu'ils ont chacun "leurs" clients. Mais pas "toute leur tête" au vu d'un dossier resté sous la table au moment de leur départ. Je me ferai un devoir de les en alerter pour leur éviter toute déconvenue.
Tandis que nous dégustons, qui du poisson en brandade, qui de l'omelette paysanne  --- devinez lequel des deux ? --- les tables encore libres se remplissent et le turn-over des affamés se poursuit.  Arrivées les dernières, deux dames grisonnantes et bien mises ouvrent leurs boites de pilules et parlent de leurs amis qui collectionnent les prothèses. Elles sont attentives l'une envers l'autre et se racontent les messages téléphoniques de leur parenté reçus à l'occasion de la nouvelle année.  L'une s'étonne de n'avoir pas eu des nouvelles de Chantal : "car si Alain t'a téléphoné, Chantal devait être à côté !" Mais elles n'en font pas de parano, leurs vies sont assez riches de contacts pour ne pas se soucier des humeurs de leurs descendants.
Leurs bagages sur la banquette laissent envisager un retour qui se fera tranquillement dans l'après-midi. Elles seront encore à table à notre départ. Tout comme le monsieur solitaire servi avant le départ du cuisinier qui commandera une choucroute, précédée d'un blanc sec en apéritif.
Il est 14h quand nous réglons l'addition qui confirme notre opinion initiale : nous reviendrons.




vendredi 27 septembre 2013

S' EVADER

  

    LA TESTE DE BUCH  (Bassin d'Arcachon)



mardi 24 septembre 2013

Charlotte DELBO


On fête cette année le centième anniversaire de celle qui fut la secrétaire de Louis Jouvet, mais surtout cette écrivaine résistante qui écrit "Aucun de nous ne reviendra", en parlant de sa déportation au camp d'Auchwitz  Birkenau, où elle est envoyée dans un convoi de 230 femmes déportées pour faits de résistance. Elle en sortira vivante et bien décidée à écrire pour témoigner dans une prose poétique.

 

 





                        
                                                    

                Photo  Eric Schwab DR
Yves Thouvenel, comédien messin, a mis en scène des lectures de textes de Charlotte Delbo.
Parce que dit-il "au delà d'Auchwitz, elle est porteuse de vie"
photo "Alizé" (Z et J.M. Brodhag)


 Le convoi du 24 janvier  (1943)                           Collection "Grands documents" - 1966

Venues de toutes le régions de France et de tous les horizons politiques, issues de toutes les couches sociales, représentant toutes les professions, d'âges mêlés mais où dominait la jeunesse, deux cent trente femmes quittaient Compiègne pour Auchwitz, à trois jours et trois nuits dans les wagons à bestiaux vérouillés, le 24 janvier.
Sur deux cent trente, quarante-neuf reviendraient, et plus mortes que vives.
La majorité d'entre elles étaient des combattantes de la Résistance, auxquelles était mêlée la proportion habituelle de "droit commun" et d'erreurs judiciaires.
Nous disons "proportion habituelle" parce qu'il est apparu que deux cent trente individus constituaient un échantillon sociologique, de sorte que ce livre donne une image de tous les convois de déportés, montre tous les aspects de la lutte clandestine et de l'occupation, toutes les souffrances de la déportation.

Charlotte Delbo, comme Picasso (Guernica), comme Alain Resnais (Nuit et Brouillard), comme Claude Lanzmann (Shoah), a choisi de rendre compte des camps nazis par la distance particulière de l'art -- cette fois l'écriture.
Charlotte Delbo fut l'une des quarante-neuf rescapées du camp d'Auchwitz sur les deux cent trente femmes déportées "politiques" que compatit le convoi du 24 janvier 1943.
Elle est décédée le 1er mars 1985.




lundi 16 septembre 2013

Jean-Louis FOURNIER

 
Jean-Louis FOURNIER, écrivain, humoriste, est le                       Photo Bertrand GUAY  AFP
 créateur, entre autres, de "La Noiraude" et "d'Antivol", l'oiseau qui avait le vertige. Il a aussi écrit "Le CV de Dieu" et "Poète et paysan" dans lequel il raconte sa volonté de se faire paysan  par amour pour la fille de l'agriculteur.
Il fut le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de "La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède", ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986). C'est également à lui que l'on doit l'intitulé de la dépêche AFP annonçant la décès de l'humoriste :
 "Pierre Desproges est mort d'un cancer ; Etonnant non ?"

Il vient de faire paraître, avec un humour toujours décalé, parfois grinçant, mais avec beaucoup d'amour, un livre sur sa fille qu'il regrette de ne plus voir et qui, pour lui est devenue "La servante du Seigneur"

"Ma fille était belle, elle était intelligente, ma fille était drôle...
Mais elle a rencontré Monseigneur. Il a des bottines qui brillent au soleil
et des oreilles pointues comme Belzébuth.
Il lui a fait rencontrer Jésus. Depuis ma fille n'est plus la même.
Elle veut être sainte. 
Rose comme un bonbon, bleue comme le ciel."

Page 4 de couverture. Editions Stock
Ouvrage publié sous la direction de
Véronique de Bure
"Etonnant non ?"


 Lettre à la fille de Jean-Louis Fournier

Madame,
Le "jugement des hommes" a cru opportun de vous permettre d'ajouter quelques lignes au livre que votre père vous a "consacré urbi et orbi".Vous nous dites "avoir choisi de vivre retirée du monde pour le voir de plus haut" (pas votre père, le monde...) et y trouver "La Vérité" (18,37.)
St Jean (louis) n'en revient pas.

"Douter c'est vivre ; être bercé par la certitude, c'est mourir" a dit Oscar Wilde, cité en avant page.
Ce serait vantardise de ma part de me ranger à côté d'Oscar Wilde et de Jean-Louis Fournier, mais je partage cette "maxime" et "crois" que vous êtes en train de mourir.

Rassurez-vous, j'en doute quand même un peu, ayant perçu dans vos propos un soupçon d'espérance grâce "aux vrais morceaux de fraises bio de votre jardin" et à votre affirmation de "vous souciez du prochain".

Si votre récit confirme que le plus proche de vous est votre compagnon, vous n'avez pas compris que votre prochain de père vous a écrit une lettre d'amour.
Il en avait pourtant fait de même pour sa femme ("Veuf") et pour ses enfants ("Où on va papa ?). (Prix Fémina - Stock 2008)
Vous ne devriez pas être surprise qu'il vous fasse figurer et non "défigurée" dans le même style.  
 
Faut-il qu'il ait toujours cet humour "recalé" pour "supplier la bien heureuse Vierge Marie et tous les saints" de "rebrancher le courant."
Mais vous n'avez pas choisi de rétablir le courant avec lui,  peut-être avez vous (tous deux) disjoncté ?

Il vous a cependant tendu la main en évoquant l'attention que vous portiez à vos deux frères handicapés, "...les tenant par la main. Tu étais la petite soeur, mais tu n'a jamais eu de grands frères."

Dites-vous que vous avez encore quelqu'un, un proche, à tenir par la main "avant (qu'il) s'en aille.